dimanche 21 septembre 2008

DIASPORA AFRICAINE: COMMENT EN TIRER LE MEILLEUR PROFIT ?


LE CAMEROUN ET SON POTENTIEL DE COMPETENCES AU SEIN DE LA DIASPORA : COMMENT EN TIRER LE MEILLEUR PROFIT ?
Par : Guy Pascal ZAMBOU,
Directeur AfriExperts International, Canada
Consultant

A l’instar de nombreux pays d’Afrique, le Cameroun regorge dans divers pays occidentaux un potentiel de ses talents et « cerveaux » qui ont décidé de s’y établir de manière ponctuelle ou définitive. Le phénomène revêt à l’heure actuelle des proportions importantes et parfois dramatiques, car l’on assiste à un exode massif de l’élite intellectuelle camerounaise qui choisit la destination de l’Europe ou de l’Amérique du nord, en quête d’une vie meilleure ou d’opportunités professionnelles intéressantes. Et du coup, face aux enjeux de développement qui interpellent le pays, cette situation le prive des ressources humaines vitales dont il a besoin pour promouvoir son essor tant sur les plans politico-économique que social.

Concernant l’Afrique dans son ensemble, le phénomène y est notoire et quelques chiffres permettent d’en mesurer l’ampleur : Selon l’Office International pour les Migrations (OIM), près de 20.000 africains hautement qualifiés quittent chaque année l’Afrique vers les pays du Nord, plus attractifs en matière de salaires et de niveau de vie. Cette fuite de cerveaux coûterait environ 4 milliards de dollars par an au continent, les gouvernements et les entreprises étant contraints de faire appel aux experts internationaux pour compenser les départs. La mobilité des compétences et la difficulté à suivre leurs trajectoires dans le temps et dans l’espace sont toutefois des facteurs qui ne permettent pas de fournir des chiffres qui reflètent de manière précise la réalité de la fuite des cerveaux africains.

Dans le contexte camerounais le constat est patent, et une approche reposant sur une analyse socio-historique de la « fuite des cerveaux » permet d’indiquer que ce phénomène y constitue un fait social contemporain, une réalité dont il est impératif que le gouvernement camerounais et sa diaspora en mesurent l’importance. Ainsi, en prenant conscience du problème et en essayant de comprendre pourquoi de plus en plus des « cerveaux » quittent le pays, pourquoi ceux qui partent sont moins enclins à retourner, et pourquoi ceux qui restent veulent partir, etc., les pouvoirs publics et les différents acteurs nationaux et internationaux s’offriraient des indicateurs qui les aideraient à mieux gérer ce potentiel que l’on nomme « Diaspora qualifiée ».

Ceci est d’autant plus un impératif qu’en raison du potentiel humain et économique qu’elle représente, la diaspora est de plus en plus perçue comme une entité plus à même d’impulser au niveau du Cameroun une nouvelle dynamique par rapport aux perspectives de développement durable du pays. Ses capacités d’organisation et de mobilisation constituent à cet égard des atouts considérables. Et parce qu’elles sont conscientes de l’ampleur des défis à relever, des élites camerounaises de la diaspora s’organisent, et on les voit engagées en permanence dans des analyses/réflexions sur les problèmes sociaux et politico-économiques du Cameroun qu’elles s’efforcent de rendre intelligibles. Au travers de plusieurs initiatives qui s’inscrivent dans une logique patriotique à l’égard de leur pays d’origine, elles entendent ainsi jouer un rôle majeur en tant que partenaires privilégiés du gouvernement camerounais, des entreprises nationales et des institutions internationales dans les processus de prises de décision et de mise en œuvre de divers projets de développement au Cameroun. Au Canada par exemple, la mobilisation des camerounais autour des différentes associations, d’organisations non gouvernementales, de réseaux d’experts, etc. sont des exemples symboliques de cet engagement.

LE FLUX DES COMPETENCES CAMEROUNAISES VERS L’OCCIDENT: UNE RELECTURE SOCIO-HISTORIQUE

D’après la littérature consacrée à la mobilité des compétences africaines de manière générale, il faut remonter aux années 1950-60 pour comprendre comment la tendance a évolué et quelles en ont été les caractéristiques.

Pour le Cameroun, les années 1960 correspondent à une période où le pays est dans une dynamique de modernisation et de reconstruction à la suite de la proclamation de son indépendance. A l’image d’autres pays africains qui sont en manque de cadres appelés à occuper des postes de direction dans diverses administrations, le pays entreprend d’assurer la formation de ses ressources humaines et envoie nombreux de ses étudiants se former ou se perfectionner dans le universités des pays du Nord. En se retrouvant dans plusieurs institutions universitaires et centres de recherches en France, en Angleterre, etc…, ces ressortissants camerounais ont un seul objectif en tête : Recevoir la formation nécessaire et rentrer au bercail valoriser les enseignements reçus. A cette époque, la détermination de retour est tellement forte que ne résisteront à cette tentation que celles des élites qui craignaient pour leur sécurité en raison de leur militantisme et de leurs idéologies contre le pouvoir en place au Cameroun.

A partir des années 1980-90, la réalité de la fuite des cerveaux camerounais commence à se manifester, marquant une rupture qui découle du décalage observé entre les attentes de l’élite intellectuelle expatriée et les capacités du pays à continuer à absorber leurs compétences. Au fil des ans, la fascination que va susciter chez ces intellectuels l’occident va s’amplifier à la faveur d’un certain nombre de faits :

A partir de la fin des années 1980 en effet, survient au Cameroun une crise économique sans précédent qui va se caractériser sur le plan social par une dégradation accrue des conditions de vie. Dans ce contexte de crise, la mise en œuvre des Programmes d’Ajustements Structurels (PAS) qui auront pour corollaires les privatisations, la liquidation de certaines sociétés publiques, la réduction des effectifs à la fonction publique, le désengagement de l’Etat des secteurs productifs, etc., vont contraindre de nombreuses personnes actives au chômage, et plonger de nombreux jeunes diplômés sortis des universités et des grandes écoles dans le désespoir (de retrouver un emploi), situations qui inciteront bon nombre d’entre eux à quitter leur pays pour espérer trouver des meilleures conditions ailleurs. En outre, l’accroissement du taux de chômage, la baisse drastique des salaires des fonctionnaires, et la dégradation des conditions de travail vont contribuer à faire partir du pays de nombreux médecins, ingénieurs, enseignants et autres cadres hautement qualifiés. Au même moment, ceux qui étaient déjà partis ne voudront plus retourner, multipliant dans leurs pays d’accueil des formations et accumulant des diplômes dans l’espoir que le « choses changeront » avant qu’ils ne prennent le chemin de retour, ou trouvant différentes astuces pour prolonger et conforter leur séjour à l’étranger.

Et même ces dernières années, l’on remarque malheureusement que des élites qui ont décidé de retourner mettre en valeur leurs compétences au service du Cameroun y font face à un problème « d’acculturation ». Ainsi, on les voit éprouver un choc culturel à leur retour parce qu’elles sont restées longtemps déconnectées des réalités de leur pays. En raison de la crise de certaines valeurs et de la prépondérance des problèmes inhérents à la mauvaise gouvernance et aux multiples carences dans l’organisation et le fonctionnement de certaines institutions publiques, ces élites ont par exemple du mal à céder à la corruption qui gangrène le pays, à supporter la gabegie, les lourdeurs administratives et une certaine anarchie dans la gestion des ressources du pays, etc. Dans certains cas, des élites (fonctionnaires) sont frustrées de voir leurs compétences ignorées une fois qu’elles retournent dans leurs administrations d’origine. Dans d’autres cas, elles ont du mal à supporter que des équipements minimums (ordinateurs ou matériels de recherche par exemple) ou un environnement de travail « acceptable » ne leur soient pas accessibles dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions.


QUELLES LECONS EN TIRER ?

Les faits susmentionnés sont loin d’être exhaustifs, et face aux enjeux de développement qui interpellent à l’heure actuelle le Cameroun, il nous semble pertinent d’envisager plus que jamais, des « changements » profonds qui devraient être opérés pour que le pays puisse tirer le meilleur profit de ses ressources humaines hautement qualifiées qui sont actuellement dispersées et exploitées aux quatre coins du monde, une démarche qui pourrait s’avérer efficace selon deux approches :



- Inverser le flux migratoire des compétences camerounaises: Promouvoir le retour physique et l’insertion professionnelle de l’élite expatriée

L’actualité récente montre que dans de nombreux pays dont ceux nouvellement industrialisés comme la Corée du Sud ou Taiwan, le déploiement des systèmes nationaux de recherche et la croissance économique dont ces pays ont bénéficié ces trois dernières décennies ont favorisé le retour massif des élites expatriées qui se sont installées dans leurs pays en travaillant dans leurs spécialités « sans avoir à redouter la dégradation considérable de leurs conditions d’existence » (Gaillard A M et Gaillard J, 2002). Depuis plusieurs années, l’Office International pour les Migrations (OIM) et Le PNUD à travers son programme TOKTEN (Transfer Of Knowledge Through Expatriate Nationals) sont deux organismes qui inscrivent leurs actions dans la logique d’une telle approche, et financent des projets d’aide au retour de migrants qualifiés dans leurs pays d’origine.

Dans les pays comme le Cameroun, l’amorce du flux du retour des compétences tarde à être véritablement effectif, les conditions économiques et socioprofessionnelles minimales n’étant pas garanties. Par ailleurs, diverses mesures engagées sur le plan institutionnel pour promouvoir la bonne gouvernance et l’amélioration des conditions de vie et de travail des camerounais n’ont que très peu d’effets positifs, et les manifestations de retour observées actuellement de la part de l’élite expatriée sont d’ordre affectif, et répondent le plus souvent à un besoin de rapprochement familial, de retour aux sources.

- Savoir gérer les ressources de la diaspora :

• Promouvoir des pôles scientifiques et techniques
A défaut d’assurer le retour physique massif de leurs élites expatriées, une autre approche pour le Cameroun consisterait à développer avec le soutien de ces élites, des réseaux scientifiques et techniques qui favoriseraient à terme le développement du pays, et dans une certaine mesure le retour de nombreux professionnels. De l’avis des experts, « l’idée de réseau se fonde sur le fait que la présence de ces nationaux à l’étranger est bénéfique en soi car elle doit permettre, d’une part, de jeter les bases d’un réseau de veille et d’information scientifique et technique, et d’autre part, contribuer à l’internationalisation et au renforcement des communautés scientifiques et techniques nationales grâce à la re-connexion des élites autour d’intérêts communs avec les institutions nationales et les collègues des pays d’origine (Meyer et al, 1997), cité par Gaillard & Gaillard (2002).
Afin de garantir la réussite d’une telle approche, la volonté politique et les moyens financiers nécessaires à dynamiser les réseaux devraient être très indispensables.

• Etablir des partenariats entre les institutions camerounaises locales et les élites de la diaspora

Dans le cadre des mandats précis, l’Etat, les entreprises, les instituts de formation, etc. pourraient solliciter l’expertise des membres de la diaspora pour des missions ponctuelles au Cameroun. Le gouvernement camerounais pourrait également associer la diaspora à la définition, à l’élaboration et à la mise en œuvre des différentes politiques de développement.

• Etablir des connexions entre les réseaux de la diaspora et les partenaires locaux

Des individus et des réseaux de la diaspora organisés en associations, ONGs et autres groupes communautaires pourraient être impliqués à travers diverses formes de connexions avec des partenaires camerounais dans la gestion des projets de développement à caractère socio-économique, dans la réalisation d’œuvres socio-éducatives ou dans la mise en œuvre de divers projets communautaires au cameroun. L’initiative de l’OIM à travers son programme MIDA (Migrations pour le Développement de l’Afrique) lancé en 2001 est louable à cet effet, car elle favorise la circulation des connaissances et l’échanges des savoir-faire, et programme pour les migrants qualifiés des séjours de courtes durées dans leurs pays d’origine dans le cadre des missions répondant à un besoin précis.

• Canaliser les fonds de la diaspora et favoriser les investissements au Cameroun
Ces dernières années, l’importance des fonds en provenance de la diaspora est telle que des mesures institutionnelles spéciales doivent être prises à l’échelle du Cameroun afin de créer un cadre propice aux investissements et à la mise en œuvre des divers projets en provenance de la diaspora.


ETUDE DE CAS : AFRIEXPERTS COMME EXEMPLE DE CONTRIBUTION A LA
MOBILISATION DE L’EXPERTISE DE LA DIASPORA

Contribuer à l’épanouissement socioprofessionnel des africains vivant hors de leurs pays, et faire en sorte que leurs talents et compétences profitent à la fois à leurs pays de résidences et à l’Afrique, telle est la vision de AfriExperts International.

Créée dans le but de valoriser le potentiel des compétences de la diaspora africaine établie en occident et particulièrement au Canada, AfriExperts est un Bureau d’études et d’expertise conseils d’envergure internationale, qui offre une gamme de services variés dans les domaines du développement international (suivi, évaluation des projets de développement, analyses des politiques, …), des services financiers (fiscalité, comptabilité, gestion d’entreprises,…), des technologies de l’information, de l’ingénierie, etc….

A travers sa Division du Développement International (DDI), AfriExperts est idéalement positionné pour réaliser des études et divers mandats orientés prioritairement vers l’Afrique, en collaboration avec des partenaires que sont les institutions gouvernementales, les entreprises, les organismes de coopération, les organisations internationales, les ONGs, les institutions de formation et de recherche, des particuliers, etc.

Le volet « Recherche » occupe également une place au cœur des missions de l’entreprise, compte tenu de l’enjeu fondamental que représente désormais l’implication active des africains de la diaspora dans la recherche des solutions à leurs préoccupations d’intégration socioprofessionnelle dans le pays d’accueil d’une part, et dans diverses réflexions sur les problématiques de développement de leurs pays d’origine d’autre part.

Ses activités s’appuient sur la formation de haut niveau, les connaissances de terrain et les compétences de son vaste réseau de consultants africains qui jouissent d’une excellente notoriété pour réaliser les missions qui leur sont confiées en rapport avec leurs différents champs d’expertises.


Pour en savoir plus :
www.afriexperts.com;
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Tél. (+1)5147501260,
Fax : (+1)5147501249


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